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Semoir Chevalier:2ème partie La vente

D 13 janvier 2010     H 14:19     A Traitgenevois     C 0 messages


Ce modèle de semoir améliorait un modèle déjà existant et utilisé dans le Pays de Gex. Celui-ci présentait l’avantage d’économiser les graines comme nous avons pu le voir dans la première partie.
Inventer un semoir était certes une bonne chose encore fallait-il le vendre !
Et il fallait persuader le futur acheteur du bien fondé de sa démarche et de son choix.
LA MAQUETTE.
Autant il était facile de convaincre un voisin en lui faisant voir et faire fonctionner l’outil autant les choses se compliquaient dès que la distance à l’acheteur augmentait.

Aussi Jean Chevalier eut -il recours à une maquette au 1/15 ème afin de permettre aux agriculteurs de se décider.

Cette maquette reproduisait la machine à vendre...

...jusque dans ses moindres détails.

Tout le mécanisme fonctionnait à l’identique du semoir réel.Même ,comme sur cette photo, le cylindre et le réglage du débit.La taille de cette ouverture est de 4 à 5cm.


Le deuxième problème était l’aire de diffusion.
Le Pays de Gex est enclavé entre les montagnes du Jura d’un côté et la Suisse de l’autre.En 1856,deux routes en permettent l’accès depuis le reste du territoire français:la n°5,peu utilisée, qui passe la montagne au col de le Faucille et la n°84 qui relie Bellegarde,Lyon et la Bresse à travers le défilé de L’Ecluse.
Il n’est pas aisé de se déplacer et le serait-il qu’il faudrait abandonner la forge pour se mettre en quête de clients.

Aussi Jean Chevalier se tourne t-il vers des représentants qui vont aller vendre son outil dans d’autres régions.Et pour cela se servir de la maquette ici présentée dans sa caisse de transport.
Il est raisonnable de penser que ceux-ci vendent également d’autres produits appartenant à d’autres fabricants, la forge ne suffisant vraisemblablement pas à payer des représentants exclusifs.
Leur collaboration n’allait d’ailleurs pas sans heurts ni différents.
Un de ces représentants,renvoya un jour sa maquette en guise de rupture,mais garda pour lui les acomptes et les sommes encaissées.

Nous ne savons pas non plus comment étaient livrés les machines hors Pays de Gex et Suisse frontalière.
Rappelons cependant que la ligne de chemin de fer Genève-Lyon via Bellegarde sera ouverte en 1858.
LE LIVRE DE COMPTE.
Le livre de compte de l’année 1856 à l’année 1860 nous offre un panorama intéressant sur la diffusion de ce semoir.

Les régions de nord de la France,le Pays de Gex et la Suisse sont les plus présents.
Mais d’autres départements sont également démarchés avec succès.
Voici la liste des départements où se sont réalisées des ventes.
AIN=27 ventes.
EURE ET LOIRE=11 ventes.
HERAULT=1 vente.
INDRE ET LOIRE=1 vente.
MAINE ET LOIRE=1 vente.
OISE=4 ventes.
SAVOIE=3 ventes.
SEINE=2 ventes.
SEINE ET MARNE=1 vente.
SEINE ET OISE=18 ventes.
YONNE=1 vente.
Auxquelles il convient d’ajouter les ventes en Suisse, soit 26 ventes.
25 dans le canton de Genève et 1 dans le canton de Vaud.

Le chiffre d’affaire prévu entre le 29 mai 1856 et le 16 septembre 1860 est de 29410F.

Les prix s’établissent comme suit :
Semoir 5 socs : entre 210 et 215 F.
Semoir 7 socs : entre 250 et 290 F.
Semoir 9 socs : entre 320 et 330 F.
Nous reviendrons sur les prix dans la troisième partie consacrée à l’environnement économique et humain.
Toujours sur la période considérée il a été vendu :
54 semoirs 5 socs.
52 semoirs 7 socs.
10 semoirs 9 socs.
L’examen du livre de compte laisse aussi penser que la vente se faisait à l’intérieur d’un même village,d’une même famille après qu’un premier semoir ait été acheté.
La vue des résultats obtenus par cette première machine incitait voisins, amis, parents ou concurrents à s’équiper.
LES CONCOURS ET EXPOSITIONS.
Il existe d’autres moyens de faire connaître ses produits.
Les foires,concours et exposition permettent de rentrer en contact avec des clients potentiels.
Les médailles et récompenses attestent du savoir faire de l’artisan et valorisent son travail.

Mâcon 1856.

Montbrison 1857.

Chambery 1860.Cette médaille rappelle la fondation de la Société Générale d’Agriculture sous le règne de Victor Emmanuel II. Jusqu’en 1860 la Savoie fait partie du Royaume de Piémont.

Annecy 1865.

Jean Chevalier obtient des médailles dans sa proche région (Gex,Ferney,Annecy...) mais aussi plus loin en France (Paris,Loche,Bourges,Versailles...) et en Suisse.

L’examen des diverses pièces à notre disposition montre une diffusion bien au delà des limites du Pays de Gex et du canton de Genève.
Nous reviendrons sur cet aspect des choses et sur quelques autres dans la troisième partie consacrée au semoir Chevalier.

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