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La traction animale fait des bulles.

D 2 avril 2012     H 14:19     A Traitgenevois     C 0 messages


La Côte des Bar est la plus méridionale des zones de l’appellation Champagne.
Elle s’étend au sud de Troyes autour de l’Aube, de la Seine et de ses affluents.
 
L’écho lointain des manifestations vigneronnes de 1911 y résonne encore.
Le centenaire du soulèvement des vignerons Aubois a été commémoré en 2011 dans tout le vignoble.
Ce sont ces manifestations qui permirent, en 1927, la réintégration du vignoble Aubois dans l’appellation Champagne.
C’est dans cette région, et plus particulièrement à Neuville sur Seine que la famille Perera-Réveillé produit son champagne.
 
Le mur de la propriété annonce la couleur sans hésitation : ici le cheval de trait est utilisé dans la vigne.
 
Et le cheval c’est Fleurette, une robuste jument de race Ardennaise née en 1995.
 
La vigne se cultive à Neuville sur Seine depuis le 13ème siècle .Elle couvre les pentes sous la protection de Notre Dame des vignes qui, au sommet du coteau, veille à 23 mètres de hauteur.
La statue fut réalisée en 1864 à l’instigation de l’union des vignerons.
 
Pedro Perera nous emmène dans les vignes qui sont cultivées avec le cheval.
Pour labourer, il a commencé a utilisé la traction animale dans les années 80.
 
"Quand je suis retourné voir ma vigne après avoir labouré la première fois avec le cheval et la charrue, se souvient il, je suis resté sans voix.
Toutes les feuilles pendaient, toutes étaient flétries.
Je me suis dit que j’avais fait la bêtise de ma vie !
En fait, j’avais coupé tout le système racinaire de surface. Habituée aux engrais chimiques, la vigne ne se donnait plus la peine de descendre chercher sa nourriture.Quelques jours plus tard tout était rentré dans l’ordre"
 
Le domaine est classiquement planté de Pinot noir, de Chardonnay et de Pinot meunier sur plusieurs parcelles.
Entre les rangs pousse l’herbe.
Pedro Perera explique que l’herbe intervient comme régulateur : elle garde un peu d’humidité en période sèche et absorbe une partie de l’eau s’il y a trop d’humidité.
Elle sert aussi à abriter nombre d’organismes vivants.
 
"Après avoir labouré,continue t-il, la vie est revenue peu à peu dans la vigne. D’abord les vers de terre, ensuite les insectes, les oiseaux...Je laisse tout ce petit monde vivre sa vie. Les uns mangent les autres et j’interviens le moins possible."
Aussi l’utilisation de produits phytosanitaire est-elle réduite au minimum. Le domaine utilise environ le quart de ce qui est couramment mis en œuvre ailleurs.
 
Le vigneron doit obliger la vigne a aller se nourrir en profondeur. C’est là que seront extraits du sous-sol les arômes les plus riches.
 
Ici la couche de terre est très mince et recouvre une base calcaire dure.
C’est avec ces pierres que les vignerons du siècle dernier élevaient les cadoles, ces constructions rustiques qui leur servaient à s’abriter avec leurs outils.
La racine pivot de la vigne devra se frayer un chemin dans ce calcaire, parfois jusqu’à 12 mètres.
Le tassement de la terre est lui aussi préjudiciable à la culture de la vigne.
"Le poids des engins, mais surtout les vibrations tassent les terrains. Je n’ai pas ce souci avec le cheval. Et puis, ajoute t-il malicieusement, c’est quand même plus agréable de travailler avec un cheval qu’avec un tracteur"
 
Tout n’est pourtant pas simple pour autant.
"Là où mes voisins mettent quelques heures avec leur tracteur, nous mettons plusieurs jours avec le cheval. Et ce n’est pas une machine avec laquelle il suffit de tourner la clé de contact et de s’arrêter."
Les vacances sont donc rares.
Le travail avec Fleurette commence en février selon les conditions météo. Le gel ou la pluie commandent les interventions.
Environ quatre passages dans la vigne seront nécessaires.
A partir de la mi-mai Fleurette est en vacance.
En automne,un dernier passage à la charrue sera effectué avant l’hiver.
 
"Bien sûr, au début nous avons commencé avec du vieux matériel. Mon fils, qui a repris l’exploitation depuis notre retraite,a fait fabriquer sa charrue en collaboration avec un ami mécanicien. Il existe du matériel neuf mais à des prix..."
La charrue a déjà subi plusieurs amélioration dictées par l’utilisation. Rien de tel pour faire apparaitre les défauts et les rectifier.
 
Le première préoccupation du domaine est de produire des raisins sains aptes à produire un champagne où la recherche des arômes est privilégiée.
Le reste, si l’on ose dire, se fera dans les chais et dans la cave.
La même patience sera de mise pour toutes les opérations afin de mettre en valeur le travail de Fleurette.
 
 C’est d’ailleurs elle qui a donné son nom au champagne produit par le domaine.
Juste retour des choses !
 
 
 

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